J’utilise des argiles et différents minéraux mélangés de manière raisonnée, pourvu qu’ils nous restituent avec la complicité du feu, cette part d’immortalité et de pérennité que nous cherchons tous plus ou moins consciemment en pratiquant l’art céramique. La cuisson au bois dure 6 à 7 jours dans le four couché « anagama » et propose à haute température (autour de 1300°C) des fusions, des nappages vitrifiés, des matières et des couleurs variées au hasard du trajet des flammes, grâce à l’apport des cendres et des braises accumulées sur les pots.
Sans pinceau, le four peint le feu sur les formes et j’espère le résultat à la hauteur de l’énergie engagée.
En accord avec le style de la cuisson, la mise en œuvre des pièces, est le résultat de multiples gestes et d’expériences acquises au cours des 40 années de ma vie de céramiste. Des formes génériques essentielles, des signes peints ou gravés de plus en plus simples, qui retournent vers le sens premier de la céramique.
Photo Jérémy Logeais
Une céramique authentique même modeste sera toujours belle, pourvu que le potier soit sans prétention manifeste. La fonctionnalité reste accessoire et ne concerne que la relation établie entre l’objet et l’utilisateur qui va lui donner son sens propre, car il peut y avoir plusieurs niveaux d’appréhension de l’objet.
Il n’y a d’avenir que dans le présent de l’action, dans l’art céramique il faut accepter les rencontres qui doivent se faire, intentionnelles, personnelles, parfois accidentelles… Mais qui peut le prévoir ? Il faut apprendre à faire mais aussi à laisser faire.